Depuis toujours il s’interroge sur le monde et notamment sur ce qui fait de chaque être un individu complexe et unique mais également relié à l’ensemble du vivant. C’est donc l’Âme du vivant qui raisonne en lui et qu’il nous fait partager.
Très tôt, c’est par le dessin qu’il questionne sa propre réalité et développe sa sensibilité au monde. Il intègre naturellement les Beaux-arts de Metz dont il suit le cursus complet. Tout au long de son parcours, c’est l’être humain et ses limites qu’il s’attache à interroger, jusque dans ses retranchements les plus noirs.
C’est ainsi que l’image du monstre, cet être intérieur, représentation de nos propres obscurités, apparaît. Il en découle une série de monotypes travaillés avec des clairs obscurs, sous le patronage de Francis Bacon, Lucian Freud et des autres grands maitres des écorchés de l’âme.
C’est lors d’un long séjour à Gdansk en Pologne que Matthieu Gauthier comprend que la peinture sera son moyen d’expression privilégié. Dès lors, il se livre entièrement à cette matière alchimique qui, depuis les âges les plus reculés de l’humanité, permet de saisir l’essence de l’Homme.
Il ira même au-delà, en s’intéressant aux grands singes. C’est ainsi que la série de peintures qui leur rend hommage révèlera notre proximité avec eux et l’universalité de l’Âme au sein du vivant. Car c’est cette petite parcelle d’invisible subtil qu’il va désormais s’attacher à faire ressortir dans tout son travail.
Cette quête l’amènera à mettre au point son rituel de peinture : montage de ses châssis, sélection de ses toiles qu’il tend et encolle lui-même. C’est ainsi qu’une fois la toile prête celle-ci est déjà pleine d’une potentialité que Matthieu, par l’énergie de son geste, va laisser émerger.
A partir d’une multitude de taches de peinture, il laisse s’incarner les êtres qu’il capte. Pas de traits préparatoires, pas de tracés, pas de repentir. Ce qui doit être présent sur la toile apparaît au fil des couches et des mouvements des pinceaux de l’artiste. C’est en cela que les œuvres de Matthieu Gauthier ne donnent pas seulement à voir mais sont plutôt une expérience à vivre tellement cette énergie incarnée transparaît.
Le loup, l’ours et le lynx sont au cœur de son champ d’investigation plastique actuel dans la mesure ou ils font intrinsèquement partie de la faune de nos territoires.
Ces êtres discrets représentent la profondeur d’un instinct primitif et son caractère intangible.
Les toiles que de l’artiste sont donc un hommage à ces êtres par le biais de ce que le amérindiens nomment l’âme groupe, c’est à dire les vibrations communes aux différents individus au sein d’une même espèce.
Entre apparition et disparition, abstraction et figuration c’est l’essence de ces êtres en danger qu’il tend à laisser émerger de la toile.
Le processus de peinture de Matthieu Gauthier consiste à monter ses châssis, tendre la toile qu’il laisse brute et qu’il encolle de manière traditionnelle. Il y appose des taches de peinture à l’huile en plusieurs « jus » qui vont petit à petit laisser apparaître, une forme, un dessein, une énergie, permettant de laisser naître l’essence de l’être animalier qui s‘annonce.
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